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Les supermarchés coopératifs : de la limite entre le salariat et bénévolat.

www.20minutes.fr Pour faire baisser la note, ils bossent au supermarché!

Les supermarchés coopératifs se multiplient en France, et remettent en cause le modèle salarial classique…

Pour faire baisser la note, ils bossent au supermarché!

Mégafil : Le monde paysan (Ressources)

Cet article de 20min est pas le meilleur pour faire le tour de la question, d'ouvrir un débat serein avec son titre incendiaire.

Si vous avez d'autre liens qui permettent d'explorer cela, hésitez pas à partager dans les commentaires. Et je les mettrais dans ce post.

En tout cas, il dresse rapidement les contours de la problématique. Moi, j'ai l'impression que c'est devenu un pretexte pour ne pas rénumérer les caissiers et caissières tout comme les automates. Ce n'est pas non plus un boulot génial, c'est ingrat, chiant, robotique.

En revanche, que le supermarché coopératif soit non lucratif et co-géré ça me plait. Que ça puisse créer du lien, ça me plait aussi. Que ce soit rendu moins pénible parce qu'on fait des rotations de 3h/mois, c'est pas mal aussi.

Ça ferait moins de souffrance si tous ces boulots pouvaient etre partagés nottament : homme/femme de menage, éboueuse/éboueur, plongé...et je rêve de ça et cela permettrait une belle mixité sociale. :)

Revenons au supermarché, ces 3h ne seront jamais déclarés, ni reconnu. Et évidement que ça fait baisser les charges quand on ne cotise pas ta retraite. Magique ! Et pour ceux qui recherchent un petit boulot pour leur fin du mois, bon déjà qu'iels se font exploiter, et remplacé par des automates, qu'est ce qu'on leur propose ?

Est-ce que les supermarchés coopératif s'inscrive dans l'ubérisation ? Faut-il redéfinir ce qu'est le travail et sa valeur ? Faut il passer au revenu existence ? (Oui)

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51 comments
  • Bon bon bon bon

    20 Minutes est un journal possédé par la famille Hutin, de joyeux drilles qui vont pas dire du bien de toute initiative sociale qui ne soit approuvée par le Saint Siège. Donc déjà, sachez qu'on part sur une base hostile.

    Déjà, c'est un article de 2017, donc quand ils disent que les projets sont tous en phase de test et ont moins d'un an. Bon ben on en est plus là. Certains ont marché, d'autres non.

    Si ces supermarchés coopératifs gênent les entreprises plus traditionnelles, c’est aussi parce qu’ils bénéficient de subventions.

    Ah merde. Les politiques font des choix sur les modes de production? Mais où on va là!

    Rappelons ce que ces gens entendent par compétition libre et non faussée: la nécessité d'avoir un gros capital de départ, une centrale d'achat capable de pousser les prix vers le bas et la capacité de vendre à perte pour écraser la compétition. Oui l'état aide des boites à démarrer. Et pour avoir testé ces eaux, je peux vous dire que les subventions pour démarrer une activité commerciale avec des concurrents ont des critères très exigeants.

    La région Loire-Atlantique nous a subventionnés à hauteur de 10.000€

    Wouhou! 10 000€! On va mettre à genoux le grand capital avec ça! Ça paye au moins le tiers de la mise aux normes d'une supérette dis donc!

    J'aime bien comme ils ont essayé de trouver un responsable d'un magasin biocoop pour lui faire dire les trucs que Leclerc ou Carrefour aimeraient bien dire mais savent que ce serait un aveux.

    Vous savez quel boulot ils craignent en fait que ce truc fasse disparaître? C'est pas caissière, c'est propriétaire de magasin. C'est actionnaire de la grande distribution. Les coopératives ont des prix bas, pas seulement parce que les tâches sont partagées, mais aussi parce que personne n'essaie "d'extraire de la valeur" pour les actionnaires. Il y a une immense différence entre une entreprise classique et une coopérative d'utilisateurs: dans le premier cas, on essaye de maximiser la marge, dans le deuxième, de la minimiser.

    Et ça, dont l'article ne va pas parler, c'est un changement fondamental dans notre structure économique. Pas besoin d'employés ça veut aussi dire pas besoin de contre-maîtres. Pas besoin d'actionnaires ça veut dire pas besoin de pressuriser toute la chaîne pour extraire le maximum de jus de tous les maillons.

    • Ah voilà c'est tout l'interet de jlai.lu avec tous vos coms. Ça permet d'ouvrir d'autres perspectives. 😍

      Après si je pensais aux caissiers et caissières c'est pcq j'ai connus beaucoup d'étudiant qui faisait ce boulot à la sortie des cours pour assurer la fin du mois et pouvoir à peu près bien manger.

      Et donc, la non seulement tu changes de paradigme en supprimant les actionnaires mais aussi les caissier.e.s puisque le boulot a été collectivisé.

      Après ya un autre truc dont l'article parle pas trop : le choix. Quand on va dans un supermarché, c'est souvent les meme marques alors que là, iels façonnent l'épicerie à leur image. C'est très différent.

      Reste la question de la marge. Pour moi c'est important de dégager une certaine marge car ça permet d'absorber les travaux, par exemple de mise aux normes, d'hygiène ou de remplacer un chauffe-eau. C'est un amortisseur. Dans les grande distribution c'est devenu autre chose.

  • L'article zappe la question principale: en cas de bénéfice (ce qui est visé), qui reçoit les dividendes ? Juste les fondateurs ? Tout le monde ? Sur la base du montant cotisé, ou sur la base du travail effectué ?

    Vu de loin, ça ressemble à un concept déjà existant : l'apport en industrie. Plutot qu'apporter de l'argent au capital social d'une entreprise, une personne peut apporter son expertise et reçoit des actions/parts sociales en contrepartie.

  • Je participe au montage d'un supermarché cooperatif et ça me fait bondir de lire des commentaires comme ça.

    1. C'est Amazon qui met en danger le travail des caissières. Leur projet c'est le supermarché sans caisse et ce a une échelle mondiale, dans une volonté de s'accaparer le marché extrêmement juteux de la consommation alimentaire. Inutile de préciser qu'ils se contrefichent complètement de piétiner les salariés comme la planète. C'est dingue de pointer du doigt les supermarchés coopératif alors que le but est justement de construire une alternative viable au monopole des géants de la grande distribution.
    2. Les 3h par mois ne sont pas des heures de travail, la seule obligation est la présence mais si tu veux rester assis à lire un bouquin, c'est ton choix. Tu n'es pas un subordonné et personne n'a le droit de te donner d'ordre. Simplement le modèle repose entièrement sur la participation des sociétaires, on demande donc cet engagement pour avoir le droit de faire ses courses dans le magasin. Il y a des dispenses pour maladie, congés maternité, deuil ect... des aménagements pour souci de santé ou handicap, droit a la retraite.Tu peux prendre des congés autant que tu veux en demandant le "gel" de ton compte.

    Donc non, les supermarchés coopératifs ne participent pas a l'uberisation de la société.

    • Je comprends que ça te fasse bondir.

      Perso le statut bénévole, je suis pas pour. Vraiment pas. Cf mon post où qui permet de comprendre ce que je ressens (exploitation) et le contexte.

      Comment tu définis ces 3h ? C'est du temps, non ? Ça fait tourner l'épicerie ? Parce que si ya personne, qui le fait ? Qu'iel ne fasse rien j'y crois pas vraiment, mais, en effet, si tu lui demande de faire quelque chose, il perd son statut de bénévole et c'est requalifié en salariat par la justice.

      Personnellement, je les paierai ainsi que les cotisations sociales. Mais le bénévolat rend la chose impossible car ça doit etre un don désintéressé. Et sincèrement, je préfère qu'iels soient salariés ou en service civique car c'est un statut qui offre une protection et que cet argent l'aidera dans sa vie : loyer, bouffe, étude, cadeaux, retraite...

      Si un stagiaire fait le marché 3h : je le paie.

      J'ai un ami qui m'a raconté l'histoire d'un prof de lsf dans une asso. C'était chaotique, il bossait comme un malade, rentrait tard et ça créait des problèmes dans son couple, sa famille.

      Un jour, l'asso a fermé. Il a cherché du boulot et il est devenu caissier. Là, il a eu :

      • des vacances
      • un salaire + retraite
      • un emploi stable.

      Ça vient d'une grosse entreprise.

      Après, oui, c'est un changement de paradigme certe qui met fin à l'actionnariat mais l'économie actuelle et la politique ne suivent pas : ya pas d'aides, ya pas de revenu universel.

      Et les charges augmentent, les conditions d'allocs durcissent, iels ont aussi besoin d'argent...Donc si zetes rikrak, ben zallez pas acheter grand chose.

      Néanmoin, comme tu le dis, ça reste une révolution pour remettre l'humain au centre des décisions tout comme la monnaie libre.

  • Peut-être un peu distant mais ça me fait penser au système de la Ruche Qui Dit Oui, c'est une startup de circuit alimentaire. Tu commandes ce que tu veux sur le site de ta ruche local (plus de choix dans les produits et les petites quantités par rapport à l'amap traditionnelle qui te balance 3 choux verts 2 kg de navet en hiver) et tu vas récupérer ta commande une fois par semaine au point de collecte. Le site met beaucoup en valeur le pourcentage d'argent qui revient au producteur par rapport au supermarché classique en ville.
    Mais il y a des trucs qui me dérangent. Les ruches sont générées par des directeurs indépendants qui font le travaille de sélectionner les producteurs et d'organiser les points de collecte. Les points font appel à des clients bénévoles pour aider à la distribution. Donc une entreprise à but lucratif fait appel à des bénévoles pour ne pas avoir à assumer la logistique du point de collect.
    Autre point noire, ils ont ensuite mis en place la possibilité de livraison directement à la maison sans passer par les points de collecte, mais en utilisant le travail de sélection des producteurs et de vente réalisé par les directeurs indépendants.

  • J'ai l'impression que la question des caisses automatiques est vue négativement dans cette histoire ? Ça ne résolverait pas le problème du bénévolat ?

    • Je le perçois négativement car ça fait de l'emploi en moins. Et d'un autre coté ça soulage le boulot des caissiers. Après, j'ai pas de données dessus pour me faire une vraie opinion.

      Je sais qu'à terme tu pourra juste entrer et sortir du magasin sans avoir à sortir tes courses du caddie. Ça a déjà été expérimenté, à Lille je crois.

  • Une critique des supermarchés associatifs, épiceries solidaires etc par une épicerie autogérée: https://cooplib.fr/wp-content/uploads/2022/10/Cocoricoop-une-expe%CC%81rience-d-epicerie-autoge%CC%81re%CC%81e.pdf

    (Désolé c'est un pdf)

    En substance, la critique est sur la gouvernance qui est un point très important. On voit d'ailleurs dans les exemples cités que le modèle classique de chefs qui décident et d'usager.es qui éxécutent est pas fondamentalement remis en question. Ça peut tout à fait être un choix, de ne pas vouloir prendre du temps pour gérer le collectif, mais ça laisse la possibilité de dérives telles que celles que l'on veut justement fuir.

    • La critique doit être vue comme positive et émulatrice.

      Je pense que ça vaut le coup de le rappeler: on est en train, en ce moment, les générations actives en ce moment, d'inventer un modèle post-capitaliste. Les coopératives, SCOP, SCIC sont un outil, les organes totalement autogérés en sont un autre. Vous y trouverez pas les mêmes personnes ni les mêmes fonctionnements, vous n'y trouverez pas les mêmes possibilités, le même investissement demandé. Ce que vous y trouverez par contre, c'est une volonté de casser la logique de profit et d'exploitation.

    • Oui l'autogestion c'est un investissement. J'ai bossé 3ans dedans et c'était pas ussi organique que ce témoimgnge car on vivait un rythme de croisière et on faisait l'acceuil du publique pour l'esseimage.

      Et malgré l'autogestion, yavait pas mal de tension. En fait, personne n'est vraiment au meme niveau dans le temps et chacun, chacune avait son expertise. Donc, c'est plutot tous des chefs. Et t'as les nouveau, les anciens, le tuillage...sans cesse.

      Et encore c'était pas droit dans leur botte vis à vis du code du travail.

      • Il y a un excellent texte qui date des années 70 qui explique que les structures de pouvoir ont une tendance à émerger même dans les groupes "sans hiérarchie" et invitait plus à expliciter une structure équilibrée et penser des contre-pouvoirs plutôt que de laisser l'ancienneté, l'accès, la disponibilité, la gouaille donner la parole et le pouvoir à toujours les mêmes.

        C'est une expérience qu'on fait tous ceux qui ont pratiqué l'autogestion: faites un groupe de discussion sans règles et sans coercition, et vous aurez une ou deux personnes qui accapareront toute la discussion. "Forcez" des interruptions et "forcez" à parler chaque personne présente, et vous aurez souvent des points de vue plus variés et des timides que d'habitude on n'entend pas donner des points de vue plus intéressants que les grandes gueules. Vous entendrez aussi plus de paroles féminines.

        Perso je suis un fan d'auto-gestion. Je déteste les hiérarchies et je pense qu'il faut qu'on arrive à faire marcher ça. Mais "on y va YOLO sans règles en étant tous gentils" je n'y crois plus. Ça marche à 5 ou 6, mais ça explose au premier connard. L'auto-gestion c'est difficile, mais il est possible de se mettre d'accord unanimement sur des règles et des pratiques.

        Et parfois, avoir un gestionnaire, qui n'a pas à être un chef, est une bonne chose. Je veux bien participer à l'assoce qui met en place le circuit d'eau local, je veux bien aller y bosser quelques heures par mois et qu'on me dise quoi faire, mais je serais reconnaissant que quelqu'un d'autre prenne la charge mentale de se poser la question de ce qui est à faire. J'ai d'autres sujets de réflexion, je veux bien laisser celui là à d'autres. Par contre si c'est un con ou une conne, je veux qu'on ait un moyen facile de changer.

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