Tous les jours je fais le tour pour vérifier les aspects techniques de toutes nos expos, permanentes, pédagogiques, arts plastiques etc. Ce matin, en vérifiant que tout allait bien la-haut sur la terrasse, je pouvais pas pas prendre la photo.
Au début je cherchais le contraste, celui entre les vieux murs et notre occupation parfois loufoque. Mais là on touche au bout, je poste un peu plus impulsivement
J'aime bien l'optimisme de ce message. Face à la grandeur du paysage, à l'ampleur du projet architectural, faut être bien dans sa vie pour crier "vive moi" au milieu de tant de beauté. Il y a d'autres coins de cette baraque où un tel message sonnerait plutôt comme un combat d'arrière-garde, voir un appel au secours.
La saison arrive à sa fin, avec elle le soulagement de pouvoir se reposer bientôt, l'ennui à l'idée de devoir ranger toute cette baraque et tout le brol déployé, et, oui, un poil de tristesse de fermer ce truc - mais c'est pour revenir la saison prochaine.
C'est épuisant. Je m'amuse bien ici.
La dernière photo révèlera le lieu bien sûr, pour toutes et tous qui n'ont pas eu l'impatience de chercher de leur côté - ou la chance d'être venu à mon bureau !
Le covid nous a enfermés, nous a murés et surtout, pour nous du spectacle vivant, nous a expliqué qu'on était pas essentiels, qu'on était surnuméraires dans une société où le rouage vital était la masse de gamins sous-payés, harassés, qui défilaient en bas de mon immeuble au volant de camionnettes de location livrer l'indispensable colis-express de merdes chinoises achetées en ligne pour combler l'insupportable ennui.
Tout a une fin, et en septembre '22 nous sommes au festival de Charleville-Mézières pour jouer en public pour la première fois depuis les confinements. Avec un temps technique impossible, une salle compliquée, un projet ambitieux et complexe qui ne supporte pas l'à-peu-près, on se jette dessus. On ouvre les portes avec même pas 5 minutes de removed, le gradin se remplit à bloc malgré le masque obligatoire. A la fin du spectacle, dans le temps suspendu où la musique s'arrête dans le noir complet, éclate un vrai tonnerre d'applaudissements.
J'ai cru que j'allais m'évanouir derrière mes consoles, mes genoux ont plié un peu (beaucoup).
On servait pas à rien. On apporte des choses, on les partage, on les offre, et c'est important, et toute une salle de vrais êtres humains venait de nous le rappeler.
Je peux le dire maintenant, ce joli sommet s'appelle (laidement) le Vuache