En tout cas ça fonctionne puisque ça te fait réfléchir à ce qu'est l'art. ;)
Après j'avoue qu'en école j'ai été obligé a travailler en monochrome blanc et donc je comprend l'intérêt de la démarche, du moins techniquement.
Le blanc en peinture c'est l'absence, c'est le médium réduit a son minimum. Quand tu fais de la monochromie dans un autre couleur, y compris le noir, tu peux jouer sur la profondeur de teinte, en diluant, avec des appositions plus ou moins lourdes et créer du contraste avec la couleur.
Alors qu'avec le blanc tu ne peux pas, si tu dilue du blanc ça fait du blanc, si tu met la couche ou si tu effleurs le pinceau, ça fait le même blanc. Le seul moyen qu'il te reste pour créer du contraste c'est la texture, la façon dont tu travailles la matière et le type de matière.
Et quand on dit texture on dit lumière, et qui dit lumière dit environnement et tout d'un coup tu te retrouves dans une situation où l'environnement et l'oeuvre sont confondu parce qu'ils ne peuvent pas exister l'un sans l'autre.
Avec une oeuvre classique, par exemple un Vermeer, tu veux une lumière la plus neutre possible, le but c'est essentiellement d'éclairer au bon nombre de kelvin avec le moins de reflets possible parce que le tableau contient deja sa propre lumière (et j'adore), tandis qu'avec du blanc c'est l'opposé, parce que tu veux une lumière qui va mettre en valeur ce travail de texture, et le choix va influencer l'oeuvre. Le type de lumière, l'angle, et pourquoi pas sa couleur.
Est ce que si tu vois le tableau a 9h c'est le même que si tu le vois a 16h ? Le spot qui éclaire le tableau fait il parti de l'oeuvre ? Est ce qu'est l'oeuvre d'une personne ou une collab avec l'éclairagiste ?
Et puis ça peut t'amener a plein d'autre question du genre comment est ce que le mur blanc derrière l'oeuvre fait parti du l'oeuvre ? Ou est ce que l'autre oeuvre en face en fait aussi partie et donc en fait où est la limite de l'oeuvre ? Est ce que c'est une collab avec saint macloud pour la moquette ? ;)
Et puis ensuite tu peux descendre beaucoup plus bas, (ou plus près) au niveau du trait et t'y perdre du regard, ou essayer d'en saisir l'intentionnalité et remarquer éventuellement que c'est comme une partition de musique dans une langue inconnue, ça a l'air simplement chaotique de loin alors qu'en fait il y a un rythme. Peut être un peu comme les sillons d'un disque.
Et donc finalement est ce que toi même tu ne ferais pas parti de l'oeuvre parce que ton placement change ta perspective ? Alors qu'un Vermeer, de loin ou de près, c'est juste plus ou moins grand et si tu te mets 15 degrés a gauche ou à droite ça change pas grand chose.
Ça en fait des oeuvres interressante au moins sur un point philosophique, tu ne peux pas les avoir vraiment vu si tu ne les as pas vu en vrai, parce que l'oeuvre dépend de ton interaction physique avec elle, en photo tu ne verras jamais qu'une seule possibilité sur une infinité, celle où quelqu'un d'autre a choisit l'angle, la distance et la lumiere. Alors que Vermeer ça passe bien en poster.
Après, je suis pas fan, c'est pas top au dessus du canap pour décorer une pièce. :D
Merci beaucoup pour l'explication, je n'aurais pas mieux dit. Question subsidiaire : est-ce que l'art doit être beau ? Est-ce que c'est fait pour plaire ? L'histoire de l'art nous montre que c'est bien plus compliqué que ça et à toutes les époques.
Ça change des remarques de tontons de fin de soirée "c'est de l'art content pour rien, hahaha !"
J'aime imaginer que cro-magnon avait déjà le débat pour savoir combien de tâche il fallait faire sur le mûr de la caverne avant que ça soit considéré comme de l'art. :D
En tout cas, pour moi l'Art est l'opposé du nihilisme et ne devrait pas avoir un critique d'art pour justifier son existence, ni aider à comprendre. Hors du musée, des analystes d'Art, cette oeuvre n'existe pas.
Pour moi ça devrait etre une narration pictural et donner envie aux gens de l'accrocher chez soi car cela dégage une aura, une energie et raconte une histoire, une présence.
Là, le regard que tu portes prète plus à la philosophie. Autant écrire un texte.
Pour la suite, tu peux transposer en disant que le texte devrait être réservé a la transmission du savoir, si c'est pour raconter un histoire autant aller au coin du feu. Heureusement la littérature est devenue artistique aussi, mais tout est dans le choix de perception du lecteur.
L'Art etait figuratif, on photographiait ce qu'on voyait, on glissait des symboles, exposait nos désirs. C'était une fable, un conte.
Ensuite, grace aux impressionistes, c'est devenu abstrait : nous sommes passé du language des objets à celui de la lumière. Puis de la lumière à celui des émotions via l'écriture, les formes et les couleurs. C'est un domaine que Vassily Kandinsky nous amène à explorer à travers sa théorie.
Et maintenant grace à ces tableaux blancs nous avons franchis une étape supérieure. Le premier pas fut en réalité franchis par Kasimir Malevitch avec son «carré blanc sur fond blanc». 2 blancs différents. Subtil et fin pour distinguer les blancs comme le ferait un inou et élargir sa palette de couleuret mieux apprécier les couleurs.
Se détacher de toute representation matériel, physique. L'art rentre ainsi dans le monde des idées. Plus besoin de couleur, votre pensée est la couleur créant un tableu unique et propre à chacun, chacune.
Et ce n'est pas tout, cette remarquable expérience de la vacuité apportent douceur et sereinité à un quotidien saturé en image colorées, agressives sur des app du démon comme tiktok ou jerboa. Nous passons d'un économie de l'attention à celle de l'horizon, de l'instropection.
En effet les écrans sipphonent le temps pour soi, ici l'exposition le rend par son action méditative :
Pourquoi ya rien ? Pourquoi c'est blanc ? Qu'est ce que je fous là ? Suis je dans un musée ? Ouf ya d'autres comme moi ! Ah il a vu quelque chose, il a l'air concentré, c'est peut-etre une peinture au jus de citron ! Et aide les timides à se rencontrer : tu as quelque chose ?
Les ophtalmo recommandent vivement cette expo car «elle repose la rétine et aide recalibrer le blanc.»
L'économiste : «C'est une expérience assez novatrice du revenu universelle. Ce tableau vaut 234 000€. Les actionnaires ont été des précusseurs»